Au fil des numéros, Cheminée Actuelle vous dévoile depuis quatre ans les meilleures essences forestières capables de fournir les bois ayant les plus hauts pouvoirs calorifiques. Forêts et campagnes françaises en regorgent, utilisées d’ailleurs depuis des siècles avec succès, ce qui est un véritable atout au niveau planétaire puisque se chauffer nécessite des bois de qualité et donc des essences adaptées, inégalement réparties sur notre planète.
Cela nous a d’ailleurs amenés à gérer de plus en plus efficacement cette ressource renouvelable, en conciliant presque toujours avec brio :
- la richesse biologique de ces écosystèmes essentiels à la vie,
- une filière socialement importante pour la culture et l’emploi dans beaucoup de régions,
- une production économiquement rentable et efficace.
Riches de la plus vaste surface forestière d’Europe, l’une des mieux gérée aussi, nous disposons donc d’une formidable ressource énergétique de premier ordre, que nous commençons enfin à redécouvrir après quelques décennies d’oubli et d’orientation vers des ressources fossiles hautement problématiques. La maîtrise des modes d’exploitation et de stockage/distributions de bois très qualitatifs, et celle de la combustion dans des appareils de grande technologie rendent l’énergie bois propre et parfaitement adaptée aux enjeux environnementaux, tout en satisfaisant les attentes légitimes de confort et de bien-être de beaucoup d’entre nous.
Des arbres qui ont l’avantage énorme de repousser quand on les coupe
Charme, chêne, hêtre, bouleau, châtaignier, frêne… sont d’excellentes essences pour le bois de chauffage et ont la capacité de produire des rejets depuis leur souche lorsqu’ils sont coupés. C’est de ce constat qu’est née la gestion de parcelles forestières en taillis, dont il existe plusieurs types où le principe de base reste malgré tout le même. Chaque souche (arbre) porte plusieurs tiges dont on ne garde que les plus belles et les mieux réparties (3 à 7). Ces tiges sont coupées quand elles atteignent un certain âge : 12-15 ans pour le châtaignier, 15 ans pour le bouleau et le frêne, 20 ans pour le charme, plus pour hêtre et chêne. Ainsi, une forêt correctement gérée peut produire 3 à 10 m3/ha/an de bois de chauffage (moins en milieux plus secs ou difficiles).
Il existe aussi un nouveau type de taillis, à courte révolution (5 à 7 ans), développé pour produire massivement du bois de chauffe (plaquettes et granulés) par déchiquetage. Si les taillis fournissent l’essentiel des bois de chauffe, il faut y ajouter la part provenant des branches d’arbres cultivés en futaie, et dont le tronc, de très haute valeur, est destiné au bois d’œuvre. La filière forêt-bois est un pilier de la croissance verte en France, notamment en tant que 1re filière pour le stockage du carbone, 1re énergie renouvelable (45 % de la croissance des énergies renouvelables en 2020. Elle est donc tout à la fois une filière historique, circulaire par nature (valorisation à de multiples usages d’une même matière biologique renouvelable, le bois) et d’avenir, car à fort effet de levier pour réussir les transitions écologiques et la satisfaction des attentes sociétales.
Charme, chênes, hêtre et frêne… des bois d’excellence
Pour récapituler ce que nous vous avons présenté sous forme de fiche à chaque numéro de Cheminée Actuelle, rappelons quels sont les arbres champions du chauffage.
Le charme commun, Carpinus betulus : appréciant le sous-bois d’autres arbres, cette espèce de petite hauteur (10 à 20 m) est présente dans les 2/3 des forêts de France où il couvre 1,5 % de la surface. Il est présent dans les forêts gérées en taillis simple ou en taillis -sous-futaie. Son bois, très dur, fournit beaucoup de chaleur en brûlant lentement. Son pouvoir calorifique est le plus élevé de toutes les essences. Exprimé en kWh, il est de 1520 à 1900 au stère (avec un taux d’humidité à 25 %). Son temps de séchage est de 1,5 an pour des bûches fendues en quartiers.
Les chênes : nous avons la chance de posséder plusieurs espèces de chênes qui couvrent l’intégralité du territoire français, et toutes ont de très bonnes, voire d’excellentes qualités pour le chauffage. Par ordre décroissant : Chêne sessile, Quercus petraea, et Chêne pédonculé, Quercus pedonculata, viennent en tête et sont présents partout, hors les zones méditerranéennes et de montagne. Suivent le chêne pubescent, Quercus pubescens, et le chêne tauzin, Quercus pyrenaica, présents dans la moitié sud de la France pour le premier et en Pyrénées, Gascogne et Landes pour le second. Arrivent enfin le Chêne vert, Quercus ilex, et le chêne-liège, Quercus suber, arbres à feuilles persistantes contrairement aux précédents, localisés essentiellement sur le pourtour méditerranéen et sur la frange océanique jusqu’en Bretagne. Tous sont des bois durs qui fournissent beaucoup de chaleur, en brûlant lentement. Avec un temps de séchage identique au charme, leur pouvoir calorifique est très appréciable, compris entre 1820 et 1350 au stère.
Le hêtre, Fagus sylvatica : autre monument des forêts de France, le hêtre représente 10 % du volume de bois sur pied en France. Hors la région Centre, la plaine littorale de Saint-Nazaire à Bayonne et la plaine méditerranéenne, on le trouve de partout, y compris en altitude. Bois dur à combustion lente, il a un pouvoir calorifique de 1310 à 1680 kWh au stère et sèche en 2 ans.
Les frênes : 2 espèces se complètent pour couvrir l’ensemble de la France, pour 4 % du volume de bois sur pied ; en région méditerranéenne, le frêne oxyphylle, Fraxinus angustifolia, et partout ailleurs, le frêne élevé, Fraxinus excelsior. Ces frênes, réputés donner la plus belle flamme, ont une dureté, un pouvoir calorifique et un temps de séchage similaire au hêtre.
Bouleau et châtaignier sont aussi très bons
Le châtaignier, Castanea sativa : arbre à croissance rapide présent au sud d’une ligne allant du Havre à Toulon, il est avec l’orme le bois le plus lourd, quand il est vert. Sec, il est proche du chêne, mais moins dense que le hêtre ou le charme. Son pouvoir calorifique de 1310 à 1680 est excellent, mais ce bois qui produit beaucoup de flammèches et éclats ne s’utilise qu’en foyer fermé (ce qui est presque toujours le cas aujourd’hui). Temps de séchage : 2 ans (bois fendu).
Les bouleaux : Betula pendula, le bouleau verruqueux, et Betula pubescens, le bouleau pubescent, font d’excellents bois de chauffage quand ils poussent lentement, donc en montagne (Pyrénées, Alpes, Massif central, Vosges et Jura) ; mais beaucoup moins ailleurs. Bois mi-dur dans ces conditions, ils présentent alors un pouvoir calorifique très appréciable compris entre 1250 à 1600 kWh au stère. Le temps de séchage est rapide : 1 an pour des bûches refendues.
Ainsi, vous trouvez forcément le bois idéal près de chez vous pour une chauffe parfaite !